Abbaye
royale de La Bénisson-Dieu
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Patronymes des 3ème et 7èmes
Abbés |
L'ABBAYE ROYALE DE LA BENISSON DIEU
HYPOTHESES RELATIVES AU NOM DE FAMILLE du 3ièmeme et du 7éme
Abbé du Monastère de LA BENISSON DIEU
Pierres tombales découvertes du 8ème et du 14ême
Abbé
Commentaire sur la sépulture d'un ABBE inconnu découverte en
1990
Recherches et nouvelle par Daniel M. LACOUR 31 Mars 1999.
Hypothèses relatives au nom de famille
du 3ième et du 7ieme Abbé du Monastère de La Bénisson
Dieu; -affirmation en ce qui
concerne le nom du 8ième Abbé et proposition
pour le nom du 14ième Abbé.
Des vingt Abbés Réguliers qui se succédèrent sur
le Siège Abbatial du Monastère Cistercien de "La Bénédiction
de Dieu" pendant les trois cent cinquante huit premières années
de son existence, c'est-à-dire de 1138,date connue de la fondation
de l' Abbaye, à 1496,date funeste pour elle, de son entrée dans
le désastreux système de la commennde, la plupart ont volontairement
caché leur identité propre, conformément au voeu d'humilité
qu'ils avaient décidé de suivre en adoptant la Règle
de vie édictée par Saint Benoît, faite de discipline,
d'abnégation et d'obéissance; elle était suivie aussi
bien par les Moines que par les Abbés de ce temps! Et cette Règle
fût si bien observée que près de neuf cents ans plus tard,
la postérité se montre toujours incapable dans la plupart des
cas de leur attribuer un nom ni même une origine, sauf pour les six
derniers qui, à partir de la
seconde moitié du XIVe siècle, semblent avoir été
moins préoccupés par l'observation de cette Règle, à
tout le moins pour ce qui était de taire leur nom, comme nous pourrons
bientôt le constater.
Cependant, à la lecture d' une Charte citée dans l' Ouvrage
du Chanoine Jean-Marie -de La MURE : "Histoire des Ducs de Bourbon et
de Comtes de Forez", il est permis d'avancer une hypothèse pour
ce qui est de l'identité familiale du 3ième Abbé, connu
jusqu'à présent sous son seul prénom de "Hughes",
qualifié de 1er, car il fût en vérité le premier
des quatre Abbés qui portèrent ce même prénom au
cours des temps!
Cette Charte qui porte dans l'Ouvrage cité plus haut le n° 39 a
bien évidemment été rédigée en latin et
elle s'intitule :
"Charte de Guy IIème du nom,Comte de Lyon & de Forez, en faveur
de l'Abbaye de La Bénédiction de Dieu qui étoit de sa
fondation - Extraite des Archives de ladite Abbaye". (Lesquelles ont
malheureusement disparu depuis 1791!).
II faut bien se rendre compte que cet Abbé Hughes 1er est fort ancien
puisqu'il occupa le Siège Abbatial alors que l'Abbaye avait tout juste
cinquante années d'existence! II siègea en effet de 1190 environ
jusqu'après 1206, année en laquelle ce même Comte Guy
II l'avait requis comme
témoin pour une autre Charte de donation de la terre de Bigny-en-Forez
à l'Abbaye de la Bénisson Dieu et dans laquelle il était
nommé comme : "Hughes, Abbé de la Bénédiction
de Dieu" Hughes, c'est entendu, mais Hughes qui?
II semble qu'en étudiant de plus près la Charte n° 39 ci-dessus,
datée de l'année 1201 on puisse arriver à résoudre
cette énigme.
En effet, on relève dans cette Charte la phrase suivante :
"Hujus rei sunt testes Stephanus Charloneyres, Hugo de Conget, Duranus
Matet, Joannes de Varennes° "& Germanus Trompette_"
Ce qui se traduit tout simplement par :
"De ces choses sqnt témoins Etienne de Charloneyres, Hughes de
Conget, Durand Matet,jean de Va""rennes et Germain Trompette."
Dans le cours du texte qui se poursuit ensuite, il est bien question d' un
autre Hughes, dit "de SIVRE", mais il est signalé comme habitant
de Montbrison, donc ne résidant pas au Monastère. En outre il
a pour épouse une dénommée "Alice", citée
dans l' acte. Deux situations qui le rendent a priori inapte à remplir
l'état d'Abbé du Couvent!
Plus loin, il est encore question d'un autre Hughes, cette fois dit "de
CHATUY", mais lequel est père d'une fille non nommée, ce
qui pourrait être un éventuel obstacle non pas vraiment à
l'état ecclésiastique, mais plus certainement à celui
d' Abbé d'un tel Monastère en cette fin du
Xllième siècle...
Par ailleurs ces deux Hughes,le Sire de SIVRE comme celui de CHATUY sont mentionnés
dans le texte de cette Charte à titre de référence et
ne !e sont pas en tant que témoins du document comme l'est le premier
Hughes, ainsi que nous l'avons déjà vu...
Et vers la fin du texte de cette même Charte, on peut encore lire :
"Hujus rei testes sunt dominus abbas de Benedictionis Dei, dictus Hugo..."
Ce qui se traduit par :
"De ces choses sont témoins le Seigneur Abbé de La Bénisson
Dieu, le dit Hughes..."
Ce "le dit" semble de primordiale importance car le seul Hughes
déjà cité en tant que témoin du document et capable
de remplir la fonction d' Abbé est bien le tout premier nommé,
à
savoir Hughes de CONGET qui aurait donc ainsi été le 3ieme Abbé
du Monastère. En outre, le fait que cette famille soit totalement inconnue
localement ajoute encore à la plausabilité de cette proposition
car en effet aux premiers temps de la fondation du Monastère, bien
souvent -et par la force des choses les Abbés devaient venir d'assez
loin.
L' Ouvrage du Chanoine de La Mure paraissait ainsi contenir des renseignements
intéressants sur le sujet des identités respectives de ces mystérieux
Abbés et un autre document cité en J'
occurence sous le n° 62, qui s' intitule :
"Très dévost testament du susdit pieux Comte de Forez Guy
I1, plus correct qu'il n'a paru ailleurs & extrait d'une expédition
ancienne & originale qui est aux Archives de l' Abbaye de la Bénisson
Dieu"
s'avèrait plein de promesses en ce sens. Ce document est aussi rédigé
en latin et il est fort long. Mais la liste des éxécuteurs testamentaires
laissait présager d'une découverte sensationnelle!
Cependant, avant de poursuivre outre, il faut, pour une bonne compréhension
de la cause prendre connaissance de deux déclarations que l'historien
Jean-Marie de La Mure fait dans son même ouvrage déjà
cité de I"'Histoire des Comtes de FOREZ". Ces déclarations
se trouvent dans le Tome I de la réédition HORVATH de 1984,
à la page 144, Chapître Premier intitulé : "Comme
l'origine de cette seconde lignée des Comtes de Forez vient de la Maison
des Comtes depuis appelés Dauphins de Viennois."
II déclare en effet :
1-: André (de Bourgogne) qui mourût l'an 1236 & ses deux
fils qu'il eût de.............. Béatrice de Montferrat.......
à savoir le Dauphin Guigues son fils aîné ........ qui
mourût en jeunesse & jean le puîné, successeur dudit
Guigues...
Et plus loin dans le même Tome I, page 238, Livre Deuxième, Chapître
XXIII, en commentant la partie du testament de Guy IV objet de notre étude,
il ajoute :
2-: II nomme ensuite pour éxécuteurs de cette sienne et dernière
volonté, l'Archevêque de Vienne qui s'appelait alors jean de
Burnin, comme aussi la Comtesse de Vienne & d'Albon avec son fils. Et
cette Dame s'appelait Béatrice de Montferrat, veuve du Prince André
de Bourgogne,
Dauphin de Viennois et Comte d'Albon en Dauphiné, et leur fils était
Guigues, IXieme du nom, Dauphin de Viennois et Comte d'Albon, qui vivait alors
fort jeune revêtu de ces qualités & mourût bientôt
après ........ ll ajouta à ces éxécuteurs honoraires
qu'il prît en Dauphiné, deux écclésiastiques considérables
de son Comté qu'il crût devoir être plus zètés
à l' accomplissement de ses intentions, à savoir Hughes d' Escotay
alors 3ieme Doyen de la susdite Eglise Collègiale de Montbrison &
Guichard, alors Abbé de La Bénisson Dieu...
Lesdits témoins sont nommés en cet ordre au vidime pris sur
ce testament étant aux Archives de La Bénisson Dieu :
-Le premier, Hughes, Doyen de Montbrison, qui est ledit d'Escotay.
-Le second, G.,Chamarier de Lyon,désigné par cette seule lettre
initiale de son nom.(Nous pensons qu'il s'agit de Gaudemar de Jarez + ca 1254).
-Le troisième, l'Abbé de Valbenoîte duquel le nom n'est
pas lisible. -Le quatrième, ledit Guichard, Abbé de La Bénisson
Dieu.
-Le cinquième, Béraud,Prieur et Commandeur Général
de l'Ordre de St-Jean de Jérusalem en Bourgogne.
-Le sixième, WilleJme de Merlo, Chevalier. -Le septième, F.,
Commandeur de Montbrison. -Le -huitième, Artaud, Abbé de Manglieu,
en Auvergne.
-Le neuvième et dernier, Pierre de Chambeon,gentil homme forèsien.
Or cet ordre ainsi indiqué par le Chanoine de La Mure ne semble pas
respecter l'ordre original car on peut encore noter dans le Tome IIJ de la
même réédition, qui est un recueil des "Preuves Fondamentales"
rassemblées par l'Auteur, que le "N.B.(1 )" au bas de la
page 53 donne un ordre très différent. En effet :
"Autour dudit testament & du côté de la tête sont
neuf queues ou lacs où pendent autant de sceaux dont il ne reste plus
que celui du Sieur de Meslo ou MerJot & à la tête opposite,du
côté du dos, sont les inscriptions suivantes :
- au milieu : sceau du testeur et une Croix; Dudit côté et de
l'autre, à droite :
1- Moi, Abbé de la Bénisson Dieu, requis comme témoin,
j'ai assisté et j'ai signé... Du même côté
:
2- Moi, Abbé de Valbenoîte, requis comme témoin,&tc...
Du même côté :
3- Moi, G., Chamarier, requis comme témoin, &tc... Du même
côté :
4- Moi, H., Doyen de Montbrison, &tc... Du côté gauche :
5- Moi, Hughes d' Arnaud, Commandeur de l' Hospital en Bourgogne, &tc...
Ensuite :
6- Moi, W. de Merloto, requis comme témoin, &tc... Ensuite :
7- Moi, Pierre, Commandeur de Montbrison, requis, &tc... Après
:
8- Moi, Artaud, Abbé de Manglieu, requis, &tc... Et au-dessous
:
9- Moi, Pierre de Chambeon, requis, &tc...
Et ainsi il y a neuf témoins tous considérables. (Note de La
Mure).
On voit donc que l' Abbé de La Bénisson Dieu a de fait signé
le tout premier, avant l' Abbé de Valbenoîte, avant le Chamarier
de Lyon, avant même le Doyen de Montbrison, ce qui démontre son
importance hiérarchique.
A la lumière des explications qui vont suivre et qui sont émises
au fur et à mesure du déroulement du texte en latin du testament
de Guy IV de Forez, tel qu'il est transcrit aux pages 50, 51, 52 & 53
de ce même Tome III, on aurait de bonnes raisons de penser que ce soit
justement ce Guigues de Viennois, fils aîné d' André de
Bourgogne mort en 1236 et de Béatrice de Montferrat qui, au lieu de
mourir en jeunesse comme l' affirme sans preuve le Chanoine de La Mure, aurait
laissé son titre à son frère puîné, devenu
ainsi JEAN ler, pour opter pour l' état religieux et devenir
le 7ieme Abbé de La Bénisson Dieu...!
Le fait qu'il ait été connu sous le nom de "Guichard"
alors qu'il s'appelait "Guigues" ne présente pas un obstacle
majeur car à cette époque Guy, Guigues, Guigon, Guigonnet, Guichard...
étaient vraiment synonymes et s'employaient indiféremment!
Et le fait qui prêchait le plus pour cette possibilité est qu'en
cette première moitié du
Xllle s. l' Abbaye venait d'atteindre sa pleine apogée et sa renommée
dans le monde chrétien était alors immense; allant jusqu'à
jeter une ombre sur le rayonnement de CLUNY C'est à cette époque
que selon le livre de l' Abbé jean BACHE "L' Abbaye de La Bénisson
Dieu", le Monastère abritait alors plus de 500 Moines! (Page 37
de la réédition de 1987). Bien sûr, ce nombre est très
exagéré Mais il signifie que l'affluence à l' Abbaye
était très nombreuse, d'autant si, comme il est permis de le
supposer,elle était à cette époque un centre important
et reconnu d'instruction théologique avancée.
II eût donc semblé tout à fait normal et même essentiel
que justement à cette époque on choisisse un aussi prestigieux
personnage pour présider aux destinées du Monastère,
un Seigneur qui aurait préféré une Mître d' Abbé
à la Couronne Comtale du Dauphiné! Un petit-fils d'un Duc de
Bourgogne, cousin éloigné, certes, mais néanmoins parent
de tous les Comtes -régionaux en place, qu'ils soient de FOREZ, d'
AUVERGNE ou de BEAUJEU! Les problèmes de territorialité et de
juridiction ne manquaient pas alors et les régler en famille présentait
un avantage certain!
Mais qu'est-ce qui permet dans le testament de Gui IV de FOREZ, rédigé
vers 1239,
d'arriver à la conclusion que ce GUIGUES, alias GUICHARD, pouvait être
le 7ième Abbé de la Bénisson Dieu?
D' abord, la formulation latine :
"Item volo executores voluntatis meae esse venerabilem patrem archiepiscopum
Viennensem,dominam" ai comitissam Viennensem & Albonensem & ejus
filium, abbatem Benedictionis Dei & decanum Montis"brisonis qui ista
omnia exequantur & faciant."
Traduction :
"De même je veux que les éxécuteurs de ma volonté
soient le Vénérable Père Archevêque du Vien°nois,
!a Dame Commtesse de Viennois et d' Albon et le fils de celle-ci, l'Abbé
-de La Bénisson "Dieu et le Doyen de Montbrison afin qu'ils fassent
éxécuter tout cela."
Bien. Mais on objectera certainement et avec raison d'ailleurs que cette énumération
peut aussi bien désigner cinq personnes que quatre! Et en effet :
1 -: l' Archevêque du Viennois,
2-: la Comtesse du viennois et d' AJbon,
3-: le fils de celle-ci (lequel car ils sont deux : Guigues ou bien jean?)
4-: l' Abbé de la Bénisson Dieu,
5-: le Doyen de Montbrispn.
Nous connaissons les noms de chacun pour les avoir appris plus haut.
Mais il existe au moins deux arguments de poids pour pouvoir soutenir qu'à
notre humble avis il y a seulement quatre personnes énumérées
dans cette liste.
Le premier et non le moindre :
Cette Comtesse de Viennois et d'Albon, du nom de Béatrice de Montferrat
était veuve depuis 1236 d' André de Bourgogne, Dauphin de Viennois,
donc depuis trois ans avant la rédaction du testament. Selon de La
Mure, elle avait eu de ce mari au moins deux fils: GUIGUES, l'aîné
décédé selon le Chanoine puisque )EAN,son cadet,avait
hérité du titre! Mais si,au lieu de mourir, GUIGUES, comme beaucoup
des aînés de cette famille, avait opté pour l'état
religieux, son cadet aurait été DAUPHIN et COMTE de Viennois
de la même manière, n'est-il pas vrai?
Dans ce cas, que penser de la civilité d'un GUI IV, Comte de Forez,
qui aurait désigné
dans son testament un JEAN ler Dauphin de Viennois en titre sous (a périphrase
"et du fils de celleci" en parlant de la Comtesse mère du
Dauphin? Alors que cette tournure eût parfaitement convenu pour respecter
l'humilité recherchée par un Abbé de la Bénisson
Dieu.
Le second argument est d' ordre grammatical. En effet, nous savons que la
langue latine ignore l'emploi de l'article et le Notaire ou Secrétaire
qui rédigea le testament du Comte, bien au fait de cette lacune et
afin d'éviter toute erreur d'interprétation, s'est bien appliqué
à soigneusement séparer chaque membre de phrases- et du même
coup à désigner chaque éxécuteur testamentaire
par le signe "&" qui a été, jusqu'au XVlle s.
une lettre à part entière, fréquemment utilisée
dans les anciens textes. Ce signe correspond aujourd'hui à notre conjonction
"et".
Bien entendu, nul besoin était de ce signe pour différencier
le premier éxécuteur qui était l'Archevêque de
Viennois,du second qui était la Comtesse de cette même Province,puisque
les genres masculin dans un cas et féminin dans l'autre, aussi différenciés
en latin autrefois qu'ils le sont en français aujourd'hui,ne prêtaient
à aucune confusion!
Mais il a pris bien soin de mettre ce "&" entre le Viennois
et l' Albon pour montrer qu'il s'agissait de deux Comtés bien distincts,
même si les titres étaient portés par la même personne,
tout comme il s'est appliqué à le mettre ensuite pour bien différencier
les différents éxécuteurs. Son intention paraît
assez claire :
- & le fils de celle-ci, l'Abbé de La Bénisson Dieu, - &
le Doyen de Montbrison.
On peut penser que s'il y avait eu un cinqième éxécuteur,
il eût écrit :
- & le fils de celle-ci,
- & !' Abbé de La 8énisson Dieu, - & le Doyen de Montbrison.
Tout cela paraissait on ne peut plus évident!
Jusqu'à..........
Jusqu'à ce qu'il s'avère, vérification faite auprès
d'autres auteurs cités à la suite, que le Chanoine de Montbrison,
le respectable historien Jean-Marie de La Mure, s'était trompé
dans sa généalogie des Dauphins de Viennois! C'est d'ailleurs
sa réputation d'historien approximatif qui nous a fait vérifier
ses déclarations auprès d'autres sources pas toujours faciles
à trouver!
Selon le livre "Les Dynasties d'Europe", édité en
1984 par BORDAS, au chapître 18, page 148, tableau 64, on constate que
:
HUGHES III Duc de Bourgogne eût un enfant de son second mariage avec
l' héritière du Viennois; ce fils ANDRE, nommé GUIGUES
à la page 146 du même ouvrage succèda à son père
comme Dauphin de Viennois. II mourût en 1237 après avoir engendré
deux fils. Le premier GUI lui succèda et mourût en 1270. L'autre,
JEAN,ne fait l'objet d'aucun commentaire dans ce tableau. Ce
GUI mort en 1270 eût lui-même deux fils : JEAN ler qui lui succèda
et qui mourût en 1282 et ANDRE dont on ne dit rien dans ce tableau.
Le GUI mort en 1270 est celui que le Chanoine de La Mure fît mourir
"en jeunesse" et
dont nous avions déjà fait notre 7ieme Abbé! Mais en
parodiant le bon LA FONTAINE : "si ce n'est toi,c'est donc ton frère!".
Et le frère de GUl,ce JEAN dont i! n'est rien dit,aurait pu alors être
notre Abbé puisque son frère aîné fût effectivement
Dauphin de Viennois! Quoique son âge probable ait pu rendre la chose
difficilement possible! "
Mais comme deux précautions valent mieux qu'une, nous avons aussi consulté
à la médiathèque de ROANNE l' "HISTOIRE des DAUPHINS
de VIENNOIS" de M. Le QUIEN de la NEUFVILLE (Ref. AN RI A 1468), édité
en 1760, où nous avons trouvé confirmation de ce qui précède
avec un peu plus de détails.
En effet, cette Béatrice de Montferrat fût la troisième
épouse d'André de Bourgogne devenu GUIGUES V de Viennois. Cet
auteur !e fait mourir le 14 Mars 1237.
Ils eûrent ensemble trois enfants qui suivent :
1-: GUIGUES VI : l'aîné, continuateur de la dynastie,marié
à Béatrice de SAVOIE. II meurt en 1270. Elle en 1310. Ils ont
quatre enfants :
a)-: JEAN,né ca 1260, mort en 1282 à 22 ans,héritier
du Dauphiné sous le nom
de JEAN ler,marié à Bonne de Savoie. Sa mort prématurée
le prive de descendance.
b)-: ANDRE qui mourra célibataire. Aucune date indiquée à
son sujet.
c)-: CATHERINE qui connaîtra un destin similaire dans la même
discrétion.
d)-: ANNE DAUPHINE qui mourra en 1296. Avant elle épouse HUMBERT de
la TOUR du PIN qui mourra en 1307.IIs auront ensemble onze enfants : quatre
garçons dont l'héritier JEAN II et sept filles.
2-: JEAN de VIENNOIS : mais l'auteur semble dire qu'il est mort jeune ...Décidément!
En tous cas il ne pouvait être né au mieux qu'en 1226 puisque
son frère aîné semble être né en 1225. Ce
qui l'aurait fait Abbé à.....12 ans!
3-: ANNE de VIENNOIS : qui épousera AMEDEE IV de SAVOIE.
Afin de mieux suivre ces parentés,nous avons joint un tableau généalogique
simplifié des Maisons de Viennois et de Forez, qui descendent toutes
deux de la même souche.
II se confirme donc hélas que GUIGUES de Viennois ne peut pas être
l' Abbé que nous cherchons et que son frère cadet JEAN ne le
puisse davantage en raison des dates!
II s'avère en outre que le Chanoine de la Mure avait allègrement
sauté une génération
puisque JEAN ler Dauphin de Viennois n'était pas le fils de Béatrice
de Montferrat mais son..... petitfils!
Et si d'aventure ce jean de Viennois, fils de Guigues V avait bien été
ce 7ième Abbé de la Bénisson Dieu objet de notre quête,
pourquoi se serait-il fait appeler "Guichard" qui est un prénom
inconnu de sa famille au cours des âges? Par contre il faut noter qu'il
est très courant chez leurs cousins de BEAUJEU...De plus, pour avoir
été Abbé il faudrait qu'il eût vécu assez
longtemps, ce que nous n'avons pu prouver.....
Mais si ce prénom "Guichard" est vraiment une primordiale
nécessité pour identifier notre
7ième Abbé,nous devons encore considérer une autre possibilité
non dénuée de fondement et qui nous est offerte dans le "RECUEIL
des PREUVES FONDAMENTALES" telles que collectées par le Cha
noine de La Mure au XVlle s. En effet, le Comte GUI III de Forez qui mourût
en Terre Sainte,celui qui avait épousé en secondes noces Alice
de SUILLY décédée en 1222 et qui trouva sa sépulture
à l' Abbaye de la Bénisson Dieu où son sarcophage se
voit encore, ce Comte donc, donna une Charte
qui porte le n° 40 dans l'ouvrage du Chanoine. Elle est datée du
Dimanche de l'Incarnation de l' année 1202,près de Lyon,alors
qu'il était en route pour Jérusalem. On y trouve la déclaration
suivante que nous donnons dans sa traduction française :
"Lesdits Frères de la Bénisson Dieu me donnèrent
la maison dont Guichard de CHAMBON leur avait "fait don lorsque son fils,également
nommé Guichard,avait reçu l'habit religieux dans leur Monastère"
Ce Guichard de CHAMBON fils aurait pû naître vers 1180 et prendre
l'habit religieux à 20 ans. Ses Frères Moines auraient pu l'élire
Abbé vers 1238, à l'âge de 58 ans et il aurait pu mourir
aux environs de 1250,âgé d'environ 70 ans ...ll y a effectivement
une bien meilleure concordance de dates ..... Mais bien entendu un Sire de
CHAMBON n'aurait pas été revêtu du prestige qui paraît
primordial pour l' Abbaye justement à cette époque et que seule
pouvait procurer à un Abbé une noble naissance dans une famille
comtale aussi ancienne et prestigieuse que celle des Dauphins de Viennois
...ll est vrai que la belle-mère de GUI IV de FOREZ, le testateur,
c'est-à-dire la mère de sa seconde épouse Ermengarde
d' AUVERGNE,Ia seule qui lui laissa une progéniture donc une descendance,
s'appelait Péronelle de CHAMBON. Elle avait épousé GUI
II Comte d'AUVERGNE. S'il s'agissait de la même famille de CHAMBON,iI
faut admettre que ses alliances n'étaient pas minces!
Puisque nous en sommes à citer des noms historiques jusqu'alors ignorés
ou bien oubliés et ayant peut-être été ceux de
certains des Abbés de la très célèbre Abbaye Cistercienne
que fût !e Monastère de La Bénisson Dieu, c'est maintenant
et à cet endroit précis qu'il faut également indiquer
celui du successeur de ce 7ieme Abbé si énigmatique. Celui qui
fût donc le 8ieme Abbé Régulier du Monastère.
Son identité nous fût révélée tout à
fait fortuitement,en 1990, lorsque fût mise à jour sa pierre
tombale lors de prosaïques travaux d'assainissement et de drainage. Elle
fût découverte en bordure du cloître aujourd'hui disparu,sur
son coin Nord-Est,où se trouvait la pelouse intérieure.
Cette dalle funéraire dont un important morceau est hélas manquant,nous
prouve encore par l'austèrité de sa stricte décoration
la totale humilité dont faisait preuve ces Abbés du Moyen-Age
qui appliquaient au pied de la lettre la sévère Règle
édictée par Saint Benoît. Pour mieux en juger
un dessin de cette pierre a été reproduit en
illustration de cet article.
Elle nous délivre le message suivant en latin :
+ HIC : IACET : DOMNUS : NARD : DE : RUPPE : FORTI : QDAM
ABBAS : HUJ : LOCI : REQUIESCAT : IN : PACE : AMEN : $ : XM : L'L' : SEPTEB
+
Comme nous savions déjà par la "GALLIA CHRISTIANA"
que ce huitième Abbé se prénommait effectivement BERNARD,
car cet ouvrage cite le document suivant en parlant de lui:
"Concordiam inuït anno 1250 cum Guidone,comite,super juridictione
toparcharum abbatiae" soit :
"II passa un accord en l'an 1250 avec GUI,Comte,sur la juridiction du
gouvernement de l'Abbaye"
et qu'en outre une Charte de privilèges accordée au Monastère
de la Bénisson Dieu par le Roi LOUIS IX, autrement dit SAINT LOUIS,
qui revenait de sa seconde Croisade, fût remise à cet Abbé
BERNARD à la fin dû mois de juin 1255 au lieu dit "d'Asnières",petit
village du FOREZ où l' Abbé
était venu pour y rencontrer le Roi,on peut traduire l'inscription
funéraire ci-dessus sans crainte d'erreur :
ICI REPOSE DOM BERNARD DE ROCHEFORT AUTREFOIS ABBE DE CE LIEU. QU'IL REPOSE
EN PAIX. AMEN . DECEDE LE 10me JOUR DE SEPTEMBRE.
II n'y a pas d'année indiquée...
Cependant nous savons aussi qu'au mois de Mai 1270, le Comte Renaud de Forez
qui devait mourir six mois plus tard, accorda une ample Charte de franchises
et de privilèges aux habitants de SAINT-HAON en Roannais pour laquelle
ce même Abbé BERNARD fût requis comme témoin. Il
est vrai qu'il signa de sa seule initiale suivie de son titre :
"B., Abbé de la Bénédiction de Dieu."
Mais cela est suffisant pour l'identifier puisqu'il fût le seul de tous
les Abbés Réguliers du Monastère à porter un prénom
commençant par cette lettre C'est donc qu'il mourût après
Mai 1270. Et la même source nous apprend que son successeur RAYMOND
était en place en 1272 car en cette année il reçût
hommage du Seigneur de Bonnefont. Dom BERNARD de ROCHEFORT est donc décédé
un 10 Septembre, en 1270, 1271 ou 1272...
II était vraisemblablement issu de cette ancienne et noble famille
forézienne originaire de COUZAN dont un membre, Pierre de ROCHEFORT
fût plus tard Bailli -de Forez de 1317 à 1328.
II paraît temps maintenant de faire un point de la situation nouvelle.
II ressort donc que sur les vingt premiers Abbés qui -occupèrent
le Siège Abbatial de celte importante Abbaye et -qui fa dirigèrent
durant les 358 années qui précédèrent sa funeste
entrée dans le système de la commende, neuf seulement nous sont
maintenant connus et un dixième nous paraît moins évanescent.
Ce sont, en respectant leur ordre chronologique :
-le 3ième, Hughes ler de CONGET,cité en 1190,1203 et 1205,que
nous venons de découvrir. -le 7ième, Guichard,cité dès
1238 pour lequel nous venons d'évoquer 3 possibilités.
-le 8ième, Bernard de Rochefort,cité en 1250,1255 et 1270,découvert
en 1990 par sa tombe. -le 12ième, GUI II de Bourbon cité en
1300 et 1312 dont J-M. de la Mure a w la sépulture. -le 15ième,
Thomas Lessent, de 1356 à 1388
-le 16ième, Pierre I de Longueval, de 1399 à 1408
-le 17ième, Hughes 11 de Longueval, de 1413 à 1425 cités
dans "L'ABBAYE de LA BENISSON DIEU"de l'Abbé Jean BACHE1880-Réédition
1997-Pages 156-157
-le 18ième, Hughes III Fournier, jusqu'en 1442
-le 19ième, Hughes IV Tardinat, jusqu'en 1460
-le 20ième et dernier, Pierre II de la Fin de 1,4,60 à 1496
,
Des dix autres pour le moment, nous n'avons que des prénoms et quelques
dates les concernant que l'on peut trouver au hasard des ouvrages déjà
cités.
Mais pour complèter notre tableau des Abbés Réguliers
qui gouvernèrent ce Monastère, il convient de les énumérer
également. Ce sont, toujours en respectant l'ordre de leur chronologie
:
-le 1er, ALBERIC, qui vînt en 1138. II était le "Fils Spirituel"
de Saint BERNARD.
-le 2ième, ODON. On sait seulement qu'il succèda à ALBERIC
(GALLIA CHRISTIANA).
-le 4ième, GUI I, cité en 1209. On ne sait rien de lui.
-le 5ième, JEAN I. Depuis au moins 1211. II fût un excellent
administrateur. Rien d'autre.
-le 6ième, ZACCHARIE, cité en 1219 et témoin d'une Charte
Comtale du 12 Avril 1224. IL gouverna près de 20 années.
-le 9ième, RAYMOND, cité en 1272...aucune autre information
le regardant.
-le 10ième, ROBERT, cité en 1277. Un court passage car il fût
Abbé 3 ans tout au plus.
-le 11ième, GUILLAUME. Par contre lui semble avoir longtemps gouverné.
Au moins 20 ans depuis 1278...mais sans laisser de traces.
-le 13ième, AYMON, cité en 1322 et témoin requis d'une
Charte Comtale du 31 Mars 1333.
-et enfin le 14ième, JEAN II, cité en 1336 et mort en 1365.
Sa splendide pierre tombale
retrouvée en même temps que celle de Bernard de Rochefort et
dont il manque malheureusement aussi une bonne moitié hélas
non retrouvée à ce jour, peut être admirée dans
l' Eglise où elle a été déposée. Sur le
morceau manquant était certainement inscrit le nom que nous cherchons!
On trouvera ci-joint un dessin représentant cette pierre tombale.
Néanmoins, voici à la suite l'inscription en lettres latines
qui court sur la longueur et la largeur restantes, les deux autres -côtés
ayant disparu
HIC : IACET : DNS
Tout le côté gauche en bas de la pierre n'a pas été
retrouvé.
En outre,le coin supérieur droit a disparu depuis la trouvai lle. Heureusement
un relevé avait été fait. (AO) EÂTINI : QoNDAM
: ABBAS : HVI : LOCI : Q OBIIT : DIE : Ve Dler : AD : L'cRL-c : ANNO : M :
CCC : LXV o +
La traduction :
ICI REPOSE DOM
Suite de lettres qui sont certainement des abréviations : A O E A T
I N I - Puis :
JADIS ABBE DE CE LIEU QUAND IL MOURUT LE 5ième JOUR SUBITEMENT AUX
(illisible) DE L'ANNEE 1365 +
II semblerait que son décès soit survenu le 5 Janvier 1365,
donc 1366 de notre ère.
II convient de noter en passant que ce qui reste de cette dalle tumulaire
malheureusement très incomplète démontre un tel raffinement
dans le tracé, une telle recherche du détail qu'on doit bien
reconnaître que la rigueur première de la Règle de Saint
Benoît que les Cisterciens avaient
scrupuleusement respectée en leur début n'était déjà
plus de mise en cette seconde moitié du XIVe s.!
Quoi qu'il en soit,pour ce qui est de l'Abbé dont cette pierre recouvrait
les restes mortels si nous connaissons maintenant grâce à la
fine gravure, son daux,aimable et humble visage, il nous serait resté
un inconnu si la date de son décès ne nous avait permis de conclure
qu'il s'agissait de la tombe de JEAN Il,cité en 1336.
Comme on dit que son successeur, THOMAS LESSENT, était en place en
1356, il nous faut donc supposer que ce JEAN Il fût gravement malade
pendant au moins -neuf années au point de ne pouvoir remplir son ministère
...à moins encore que le graveur n'ait commis une faute d'inscription
en traçant "LXV" (65) au lieu de "LVI" (56)...Après
tout,un graveur du XIVe s. n'était pas obligé d'être aussi
un érudit ...Mais nous préférons suivre l'autre source
qui indique un document qui dit que THOMAS LESSENT fût Abbé de
1369 à 1388 ce qui rend plus acceptable 1365 comme date réelle
do décès de l'Abbé JEAN II..... t sans mettre en doute
le professionalisme du graveur de sa pierre tombale!
Par ailleurs la série de lettres incompréhensibles que nous
avons supposé être des abréviations n'a pas manqué
d'intriguer notre curiosité. A force de chercher, nous proposons l'interprétation
suivante qui ouvrirait une nouvelle possibilité :
A O : abréviation de AB OBIRI : natif
EÂ : adverbe latin signifiant
TINI : génitif de TINUS, lieu qui pourrait être "TIGNY".
On aurait donc : NE A L' ENDROIT DE TIGNY.
Or il se trouve que le porche d'entrée anciennement fermé par
un pont-levis qui franchissait les douves encore partiellement existantes
de l'antique et charmant Manoir -de Tigny situé sur la droite de la
route allant de La Bénisson Dieu à Charlieu, à la hauteur
de Saint-Nizier, est encore aujourd'hui orné d'un blason représentant
les armes de la famille "de LEVIS -à savoir :
" d' Or aux trois chevrons de sable."
Ce Manoir abrite de nos jours un restaurant renommé qui a su conserver
à la Salle à Manger son caractère médiéval.
Ceci nous fournit -en outre une occasion inespérée de pénétrer
dans cette belle demeure!
Se pourrait-il que cet Abbé JEAN II soit né dans ce castel et
soit issu de cette très noble et très ancienne famille des "de
LEVIS dont l'ancêtre fût Philippe de LEVIS mort en 1204 -qui accompagnât
en Terre Sainte le Roi de FRANCE Philippe Auguste? Un de ses fils, mort vers
1230 nommé Guy fût l'ami intime et le compagnon d'armes du terrible
et redouté Simon -de MONT-FORT, Comte de Leicester. 11 prît part
avec lui à la Croisade contre les Albigeois au cours de laquelle Gui
de LEVIS se vît décerner le titre de "Mareschal de la Foy".
Faut-il s'étonner alors que cette famille qui fît tant pour la
Chrétienté ait suscité autant de vocations en son sein?
En ef#et,et en sus du précédent "Mareschal -de Ja Foy",
il faut compter :
- vers 1336, peut-être notre JEAN Il, le 14ième Abbé de
la Bénisson Dieu,
- en 1475, Eustache de LEVIS,illustre ecclésiastique forèzien
succèda à son frère, le fameux Cardinal Philippe de LEVIS
sur le siège épiscopal de l'Evêché d'Arles,
- le neveu et filleul de ce même Eustache de LEVIS, un autre Eustache
de LEVIS, fût chantre puis Chanoine de l' Eglise Collégiale de
NotreDame ~ie Moratbri sor~,
et mieux encore,en plein régime de la commende,de 1540 à 1558,ce
fût un autre Antoine de J_EVIS, Baron de CH ATEAUMORAND, qui fût
l'Abbé Commendataire de l'Abbaye de la Bénisson Dieu. II était
fils de Jacques de LEVIS et de Louise de TOURNON. Plus que probablemerit il
ne visita jamais son Abbaye car en 1516 il avait -été nommé
Evêque de Saint-Paul Trois Chateaux, puis en 1526 Archevêque-Prince
d' Embrun et enfin en 1557 Evêque de Saint-Flour où il mourût
l'année suivante...
Cet Antoine de LEVIS de CHATEAUMORAND écartelait ses armes du blason
de sa famille et de celui de sa baronnie comme le montrent encore les quatre
vitraux du XVIe s. dont il a doté le collatéral Nord de J'Eglise
Abbatiale de la Bénisson Dieu.
Cependant l'indice signalé plus haut n'est pas suffisant pour affirmer
que JEAN II, 14ième Abbé Régulier du Monastère
appartient bien à cette illustre famille régionale des "de
LEVIS"! Cela reste une simple hypothèse basée sur une iinterprétation
bien osée d'une suite de lettres latines plutôt mystérieuses...
Mais puisque nous en sommes à parler de sépultures, c'est maintenant
qu'il convient peutêtre de mentionner cette autre qui fût également
découverte en 1990 en même temps que les "x pierres tombales
dont nous venons de vous entretenir.
Cette sépulture a été refermée en l'état
puisqu'elle n'était pas recouverte d'une platepierre gravée
mais seulement bouchée par cinq grosses dalles grossièrement
équarries du genre lauzes, qui reposaient sans être scellées
sur un entourage ou bordure constituée de six autres grosses pierres
juste dégrossies et posées -sur chant. Le coin du bas à
droite,fût fermé à l'aide de trois pierres, presque des
gros cailloux, mis simplement l'un à la suite de l'autre,sans recherche.
La sépulture contenait encore les restes d'un squelette dont étaient
très bien reconnaissables le crâne, la colonne vertébrale,
les os du bras droit avec une partie des os de la main et Jes fémurs
des deux jambes. Sous l'emplacement du dos, une épaisse pellicule de
boue grise craquelée et sèche indiquait qu'à un certain
moment le corps avait séjourné dais l'eau, certainement en raison
d'infiltrations. La tombe était orientée avec la tête
du défunt à l'Ouest. II reposait sur le dos, le menton légèrement
tourné vers la gauche. Le défunt avait certainement été
déposé avec les mains croisées sur la poitrine et probablement
revêtu de sa seule bure.
Rien pour permettre une quelconque identification, sinon qu'il s'agissait
très probablement de la tombe d'un Abbé puisqu'elle se trouvait
à un mètre et -demi environ de la tombe de l'Abbé Bernard
de Rochefort. Les deux tombes étaient parallèles et orientées
de la même façon. Elles étaient toutes deux enfouies à
un bon mètre vingt de profondeur, ce qui leur a certainement permis
d'échapper à la convoitise des maîtres-carriers du XIXe
s.! Pour en finir avec leur emplacement, il faut savoir que la plus proche
du mur Nord de l' Eglise était celle de Bernard de Rochefort qui s'en
trouvait éloignée de douze pas environ. Ces deux sépultures
se trouvaient certainement hors du cloître sous la pelouse qui le jouxtait
au coin Nord-Est.
La rusticité de cette dernière sépulture, aussi bien
d'ailleurs que son emplacement à la gauche de la tombe de Bernard de
Rochefort, laisse augurer de son extrême ancienneté. En outre
la différence de style entre ces deux tombes dénote qu'un assez
grand laps de temps s'est écoulé entre
les deux enfouissements ...... Or celle de Bernard de Rochefort remonte déjà
auXllle s. et il était le
8ieme Abbé...
II est vraisemblable que nous nous trouvons devant la sépulture d'un
des tout premier Abbé pour ne pas dire celle du premier de tous : ALBERIC
!
.
Mais là encore ce n'est que conjecture et supposition gratuites! Pour
aider l'imagination à reconstituer l'apparence de cette dernière
sépulture,nous avons joint un dessin qui la représente, lequel
a été éxécuté d'après une photographie
prise en 1990. Nous avons fait figurer les cinq pierres qui obturaient la
tombe sur le côté de celle-ci.
Espérons que les vieux grimoires n'ont point encore livré tous
leurs secrets et qu'un prochain jour,que nous souhaitons le moins éloigné
possible, il s'en trouvera encore quelques uns pour laisser échapper
quelques bribes des mystères qui nous préoccupent et qu'elles
permettront de faire progresser notre quête.
En attendant cet heureux évènement, saluons les noms illustres
qui viennent tout juste de nous parvenir pour enrichir de leur présence
notre bien modeste liste de noms -des très humbles, très vénérés
et très augustes Abbés Réguliers du Monastère
de l' Abbaye Royale de la Bénédiction de Dieu.
Daniel M. Lacour
La Teyssonnière, 31 Mars 1999
Illustrations: pour obtenir l'image en haute résolution, cliquez sur le lien correspondant :
Généalogie simplifiée des comptes Dauphins de Viennois et des Comtes de Forez
Dalle sépulcrale de l'Abbé Bernard
Dalle sépulcrale de l'Abbé Jean II